
J'ai longtemps hésité à faire une review du dernier album de Kickback. Les quelques chroniques que j'ai lues sur la toile reflétaient plutôt bien mon opinion sur l'album, et je ne voyais pas l'intérêt de faire de la redite. Mais voila, à force d'écouter les 11 titres de No surrender, j'ai ressenti le besoin de faire partager les sentiments et les émotions que m'ont procuré ce dernier. A la manière d'un film inclassable et troublant, No surrender mérite d'être partagé.
On connaît tous le lien existant entre le triple K et le cinéaste Gaspard Noé, et à l'écoute de No surrender, ce lien est plus qu'évident. On ressort de l'écoute de l'album de la même manière qu'après le visionnage d'Irreversible ou Seul contre tous (Le groupe utilise même un extrait du film sur le titre d'ouverture, l'un des monologues du boucher, pour les connaisseurs, le passage où celui ci est dans le cinéma porno). On se retrouve donc secoué, déboussolé, sans point de repère, sans notion de bien ou de mal à l'encontre de l'oeuvre.
On tombe dans un tourbillon de bruit, de fureur, de haine, de désespoir. Des sentiments qui nous habitent tous et qui ne demandent qu'à être réveillés.
La haine du titre d'ouverture, No surrender, ne fait aucun doute : Kickback ne s'est pas calmé, pire, il est devenu plus réfléchi dans sa démarche musicale. On retiendra la capacité du groupe à souffler le chaud, à travers ses passages de fureur pure, comme sur le titre Deathlust, mais aussi le froid, lors des passages pratiquement sludge, à la manière du final glacial et apocalyptique du titre Warpath.
A l'heure actuelle, les groupes qui réussissent le tour de force de ne pas entrer dans une catégorie prédéfinie, à savoir celle du deathcore ou du metalcore, se font plus que rare.
Et c'est sans conteste cet aspect qui m'attire chez Kickback. Le groupe se suffit à lui même.
Ne se mettant aucune barrière, piochant autant dans le hardcore, que le sludge, le black ou le crust, il en ressort quelque chose d'unique, cru et sincère.
L'Homme est mauvais par nature. Laissons la nature reprendre ses droits et contemplons le résultat. Laissons nous submerger par l'épaisse boue dégueulasse et informe qu'est la société actuelle, société bien cachée derrière sa couche de vernis clinquant. Kickback se contente de gratter ce vernis et de montrer ce qui se tapi dans l'ombre des rues poisseuses de nos villes.
Kickback est le monstre qui sommeille en chacun de nous.
Le comprendre et l'accepter est un pas de plus vers une humanité débarrassée des dictas d'un monde ne réclamant que profits et uniformité.
"This goes beyond your tepid standards."