
Seul. Cet album transpire la solitude et l'abandon de soit-même. Pas forcément quelque chose d'angoissant. Plutôt d'inévitable. On ouvre les yeux sur Perséphone I et sa montée aérienne continue, s'étirant sur ses 11 minutes 56. On frissonne, sans savoir vraiment où l'ont se trouve. On rêve à un paysage du bout du monde. Seul. Les glaces s'étendant à perte de vue. Le soleil se levant sur un paysage dont l'image serait enfouie en nous et qu'on semblait oublié. On sait que le chemin sera long, mais les nappes de guitares, plus aériennes que jamais, de ce titre nous font comprendre que le voyage sera beau, mais sans retour. Un contraste résonne à l'écoute de cette chanson, entre le côté glacial que prend la dimension de la musique, cette sensation d'espace, et le coté chaud, cristallin et rassurant des mélodies.
Les rythmiques tribales de Perséphone II, nous permettent de nous enfoncer un peu plus loins dans l'univers des Bordelais. Plus mélancolique, ce titre se partage entre deux parties qui reviennent sans cesse : une, aérienne et une seconde plombée. La seconde moitié du titre nous fait basculer vers des contrées plus inquiétantes, marécages, arbres voutés, épines acérées. On s'embourbe, la peur nous tétanise. Comme si le fond de ce bayou nous recrachait ensuite dans une chute sans fin.
Nous voila à Hiérophante. Avant dernière étape de notre périple. Accords telluriques, notes dissonantes, le paysage accueillant qu'on avait pu découvrir sur Persphone I semble avoir changé. Le paysage reste le même mais les formes ont changé, on ne semble plus aussi sûr de ce qu'on ressent. Les tambours montent. Quelque chose se prépare. L'orage s'abbat, et lave enfin la terre de ces traces de charbons. La terre gronde, le mal est nécessaire.
Notre voyage prend fin sur Abesse. Depuis la tempête, cette peinture semble à jamais changée. L'espoir n'a plus la même odeur. On ne contrôle plus rien. On sent pourtant une petite chaleur dans le bout de nos doigts. Les nuages se dispersent. Quelques rayons nous atteignent. Nous y voila. Le haut de la montagne.
Le ciel et la terre ne semblent faire plus qu'un. Il n'y a plus de règle. L'air froid nous fouette le visage nous permettant de nous sentir plus vivant que jamais. Cette montagne qui nous semblait si paisible est en réalité un volcan qui n'attendait qu'une chose : notre présence, pour pouvoir entrer en éruption et détruire tout ce dont on s'était attaché ici. La lave recouvre tout. On reste sans voix devant ce chaos sans sens. Un cycle fait de création à faire pleurer de part sa beauté, et de destruction si violente que la terre elle-même ne le supporte plus...
On rouvre les yeux conscient que tout est amené à disparaitre.